novembre 17, 2017 · Non classé

La France, pionnière dans la recherche sur les antibiotiques et dans la lutte contre l’antibiorésistance, a mis en place plusieurs plans depuis le début des années 2000 afin de réduire la consommation d’antibiotiques. En effet, encore aujourd’hui et malgré des progrès effectués entre 2002 et 2005, la France consomme 30% d’antibiotiques de plus que la moyenne européenne, et presque trois fois plus que les Pays-Bas, la Suède ou la Norvège. Selon l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé (ANSM), cette surconsommation représente une dépense supplémentaire comprise entre 71 millions d’euros (par rapport à la moyenne européenne) et 441 millions d’euros (par rapport aux pays européens les plus vertueux). Ainsi, en 2013, 97,6 millions de boites d’antibiotiques ont été remboursées par l’Assurance Maladie (+0,2% par rapport à 2012). Cependant, entre 30 et 50% des antibiothérapies sont prescrites inutilement en France, que ce soit en ville, en Etablissements d’Hébergement de Personnes Agées Dépendantes (EHPAD), et à l’hôpital, notamment pour le traitement d’infections des voies aériennes principalement d’origine virale (rhinopharyngites, angines, sinusites, otites, bronchites). Pourtant, il existe pour certaines pathologies des tests de diagnostic rapide, mais ceux-ci sont trop peu utilisés, avec seulement 30% des médecins généralistes déclarant utiliser les Tests Rapides d’Orientation Diagnostique (TROD) dans l’angine. De ce fait, en 2013, 28,3% des patients français ont été traités par antibiotique. Ces traitements sont par ailleurs souvent prolongés, sans être réévalués. Certains lieux de vie, particulièrement dans les EHPAD, sont propices à la prescription d’antibiotiques inutiles pour des colonisations urinaires sans signes cliniques et des bronchites. Après s’être stabilisée entre 2005 et 2010, la consommation française d’antibiotiques augmente à nouveau de quelques % par an, aussi bien en ville qu’à l’hôpital. Ainsi, en médecine ambulatoire, la consommation moyenne au sein de l’Union Européenne était de 21,5 Doses Définies Journalières (DDJ) pour 1 000 habitants et par jour en 2012, contre 29,7 DDJ pour la France. En 2013, la France est en deuxième position au niveau Européen (30,14 DDJ), juste derrière la Grèce (32,24 DDJ). A l’hôpital, la France se situe au 7ème rang, avec une consommation de 2,17 DDJ pour 1 000 habitants et par jour en 2013. Les causes de ces habitudes de consommation thérapeutique ne sont pas clairement identifiées. Il existe un phénomène culturel français de consommation de la santé, notamment d’antibiotiques, à la différence d’autres pays, tels que les Pays-Bas, les pays scandinaves ou l’Allemagne, dans lesquels l’utilisation de l’antibiothérapie est beaucoup plus prudente. En 2010, avec les Pays-Bas, la France était également la plus grande consommatrice d’antibiotiques en agriculture. Les données récentes (2014) montrent que ces deux pays ont considérablement réduit l’usage des antibiotiques dans les filières animales. Désormais, ils en consomment moins que la Belgique, l’Allemagne, l’Espagne, l’Italie, la Hongrie, le Portugal ou Chypre. Le tonnage d’antibiothérapies chez l’animal en France, constant entre 1999 et 2007, a diminué entre 2008 et 2013. Par ailleurs, deux ans après avoir été mis en place en France, le Plan EcoAntibio a permis d’encore réduire sensiblement la consommation d’antibiotiques, avec une baisse de 12,5% de l’exposition des animaux entre 2012 et 2014. Cette diminution varie selon les filières animales, avec une décroissance très importante chez les porcs, mais plus mesurée chez les bovins. La présence des antibiotiques dans l’ensemble des compartiments de l’activité humaine a une influence sur la présence de bactéries résistantes dans l’environnement. Effluents domestiques, activités hospitalières, élevages ou épandages à proximité d’un cours d’eau, toutes ces actions peu normées exposent l’environnement dans son ensemble aux antibiotiques. L’effet réel sur l’Homme des traces d’antibiotiques retrouvées dans l’environnement est encore mal connu, mais favorise très probablement le développement de résistances jusqu’à présent observées essentiellement en médecine humaine et animale. Pourtant, la situation française n’est pas totalement négative en termes d’antibiorésistance. Alors que certains pays comme les Etats-Unis ou l’Irlande ont vu croitre rapidement la prévalence des Entérocoques Résistants à la Vancomycine (VRE), celle-ci se limite à quelques phénomènes épidémiques maîtrisables dans l’Hexagone. Par ailleurs, grâce à des politiques d’hygiène telles que la friction des mains avec des solutions hydro-alcooliques, la prévalence des Staphylocoques Résistants à la Méticilline (SARM) a été divisée par deux en 15 ans. Enfin, le nombre de cas de colites liées à Clostridium difficile reste relativement limité en France par rapport à d’autres pays, tels les Etats-Unis. La France dispose d’excellents réseaux de surveillance de la consommation d’antibiotiques et de la résistance bactérienne. De même, des indicateurs sur l’hygiène et le bon usage des antibiotiques sont disponibles à l’hôpital (tableau de bord des infections nosocomiales, ICATB) et accessibles à tous. La Haute Autorité de Santé (HAS), qui certifie les établissements de santé, relève ces indicateurs qui représentent des critères majeurs et particulièrement valorisés.

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