mai 9, 2018 · Non classé

Facteur de différenciation des espaces, le patrimoine peut être considéré comme une composante de la culture nationale. Abandonner cette richesse culturelle signifierait une perte énorme pour toute la nation, tant pour le système institutionnel central et régional, que pour la population autochtone. L’aménagement des espaces urbains et le développement des milieux ruraux figurent ainsi parmi les responsabilités des partenaires sociaux qui doivent œuvrer dans une optique d’échange et de médiation pour faciliter les relations dans le domaine culturel. Le patrimoine culturel souffre de divers problèmes qui conditionnent son existence et sa résistance à travers le temps. Il devient de plus en plus fragile, sensible aux mouvements de modernisation et de perte d’identité. Son apport historique est limité à des pratiques locales qui risquent de disparaître à long terme. Cet état de précarité signe une insuffisante intervention publique et politique qui devrait multiplier des actions de préservation et de conservation des richesses patrimoniales menacées. La mise à l’écart de pratiques ancestrales, des activités artisanales, la non-assimilation au style architectural régional des nouvelles constructions, la disparition constante des traces du passé, conduisent à une crise qui apparaît à travers le questionnement identitaire et le démantèlement du corpus culturel sur le long terme. Cependant, la non-implication effective de certains acteurs du développement local rend difficile tout projet de restauration et de protection patrimoniale. La fragilité du patrimoine culturel dépend de la mésentente entre les partenaires. C’est pourquoi, avant toute initiative, ces derniers doivent admettre qu’il faut développer une vision commune. Le retour au local et à l’identité demeurent le meilleur choix pour sauvegarder les territoires et leurs patrimoines. Selon Paul Rasse, « l’histoire nous apprend que les laissés pour compte de la modernité, peuples abandonnés, paysans spoliés, travailleurs licenciés ou déclassés par le progrès technique, petits commerçants ruinés qui ont tendance à se réfugier dans une reconstruction de modèles identitaires schizophréniques, de se bricoler de la culture en ayant recours à des identités primordiales, transposées dans l’imaginaire : le territoire ancestral, la pureté du sang, la langue originelle, le passé fantasmé, les héros nationaux… Ce mouvement inquiète et ensanglante le monde, mais il a si peu à voir avec la quête identitaire au sens où nous l’entendons.» (Rasse, 2005, p.12). Il faut donc parier sur les capacités communicationnelles des territoires pour valoriser leur patrimoine culturel et ses atouts. Le rôle de l’État reste important dans le développement et la supervision des actions publiques et cela n’est faisable qu’avec la présence et la participation des partenaires issus du terrain qui vont animer cet échange culturel. Il faut donc développer des mesures de restructuration et d’implication des acteurs du développement. Le développement local reste tributaire d’une telle conception stratégique qui doit mobiliser des politiques de veille, d’accompagnement institutionnel et non institutionnel devant s’articuler autour des objectifs de protection et de valorisation des patrimoines.

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