décembre 21, 2018 · Non classé

L’homme qui devrait être réélu ce dimanche soir, dès le premier tour, à la présidence de la Russie, n’a peut-être jamais autant inquiété le monde. Au pouvoir depuis dix-huit ans, Vladimir Poutine a fait le vide chez lui : c’est une opposition laminée, atomisée… voire écartée, en tout cas sans tête, qu’il affronte dans ce scrutin joué d’avance. Hors de ses frontières, l’ancien empire tsariste puis soviétique a retrouvé de sa superbe… envahissante. En l’espace de quelques années, Poutine a mis un coup d’arrêt à l’expansion de l’Otan, a semé la guerre et le trouble en Géorgie et en Ukraine, annexé purement et simplement la Crimée, au nez et à la barbe de la communauté internationale. Et les Russes savent gré à cet autocrate d’avoir restauré le lustre bradé naguère par Gorbatchev et Eltsine. Le pays est certes dirigé d’une main de fer, mais il est dirigé, applaudit une bonne part de la population. Sinistre ironie, l’ancien officier du KGB s’apprête à triompher au moment même où la Russie est prise la main dans le sac dans une affaire d’espion empoisonné en Angleterre, insufflant un climat de guerre froide : Theresa May, Donald Trump, Angela Mer­kel, Emmanuel Macron, tous dressés contre le maître du Kremlin, qui a ordonné samedi l’expulsion de 23 diplomates britanniques ! Ses réseaux d’influence à l’œuvre partout Plus inquiétant, l’engagement militaire russe au Proche-Orient aux côtés des pires régimes, à commencer par celui du Syrien Bachar al-Assad. Ne parle-t-on pas d’un axe Turquie-Iran-Russie sur fond d’enjeux tant géopolitiques que pétroliers ? L’homme se plaît aussi à perturber les grandes séquences démocratiques que sont les élections dans les pays occidentaux. Comme lors de la présidentielle américaine en jouant Trump contre Hillary Clinton. Ou en se mêlant de la campagne britannique sur le Brexit, et même de la présidentielle en tentant de déstabiliser le candidat Macron. Partout en France et en Europe, ses réseaux d’influence sont à l’œuvre, des responsables politiques classiques aux partis populistes sensibles à son côté autocratique et antiaméricain. Des médias inféodés qu’il implante çà et là, Russia Today ou Sputnik, des hackeurs agressifs et efficaces qui auraient récemment piraté le gouvernement allemand, Poutine s’impose en virtuose du soft power, le pouvoir d’influence. Décidément inquiétant…

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